Eclairage public, comment faire de l'efficacité énergétique ?

Le parc d’éclairage public au Maroc représente environ 1,6 Million de point lumineux soit une charge budgétaire d’environ 1,5 Milliard de dirhams pour les collectivités territoriales. La consommation d’électricité liée à l’éclairage public constitue entre 10 et 15% du budget de fonctionnement de la Commune et dans certaines communes, elle peut aller jusqu’à 20%. D’où la nécessité prendre des mesures drastiques pour alléger cette charge. Les pistes sont multiples, et le potentiel est énorme il peut facilement dépasser 60% et peuvent être financées justement par l’économie d’énergie à travers des contrats de performances énergétiques. Alors quelles sont ces mesures que peuvent entreprendre les Communes ?

RELAMPING EN LED
Il s’agit de la principale mesure pour réaliser l’essentiel de l’économie d’énergie. Elle consiste à changer totalement le parc actuel dominé par les lampes à décharge de faible rendement avec des luminaires LED très performants et qui ne cessent d’augmenter en performance. L’efficacité lumineuse globale d’un luminaire LED peut aller jusqu’à 170lm/W contrairement au luminaire à décharge qui ne dépasse pas 65 lm/w au meilleurs cas.
Attention aux chiffres trompeurs pour le calcul de l’efficacité lumineuse qui doit prendre en considération le rendement global du luminaire et non de la lampe seule tenant compte des pertes de ballast qui peuvent aller jusqu’à 25% pour la lampe à décharge contrairement à la lampe LED ou elles sont négligeables ainsi qu’aux pertes photométriques qui dépassent largement 10% à 15% pour les luminaires à décharge notamment les pertes liés aux réflecteur, au vasque et l’Ulor.
La comparaison entre un luminaire LED et un luminaire à décharge doit tenir compte aussi du rendu final sur le sol vu la position et l’orientation asymétrique des LED sur le module et qui permet de diffuser la lumière sur des distances beaucoup plus grandes et notamment en dos du luminaire et qui permet d’augmenter de plus de 25% les inter- distances entre points lumineux et d’éliminer les luminaires en dos des candélabres.
Pour synthétiser un luminaire LED peut réduire la consommation d’énergie de plus de 60% pou un rendu de lumière sur le sol largement meilleur.
Le calcul économique doit prendre en considération les gains liés à la durée de vie qui peut aller jusqu’à 100 000 heures soit environ 25 ans de fonctionnement contrairement à la lampe à décharge qui ne dépasse 3 à 4 ans de fonctionnement dans les conditions idéales. Aussi le coût de maintenance liées à l’entretien des luminaires devient quasiment nul vu la fiabilité et la disponibilité de l’éclairage LED.
Le coût de cette mesure peut paraitre énorme surtout pour les grandes villes, mais il est facilement finançable dans le cadre de contrat de performance énergétique avec un operateur technique. L’investissement est amorti au bout de 5 à 7 ans maximum sachant que le prix du luminaire LED connait une baisse exponentielle ces dernières années (Environ 5000 dhs en moyenne il y’a 3ans à environ 2500 dhs actuellement) d’où une possibilité de réduire de la durée d’amortissement.

GESTION ET SUIVI DES FACTURES ENERGETIQUES
C’est un créneau qu’on a tendance à négliger mais à travers le suivi des contrats et un système de monitoring on peut faire des économies qui peuvent aller jusqu’à 10% de la consommation. L’analyse et le suivi de la consommation peuvent déceler des défaillances techniques et contractuelles qui ont parfois des répercutions très significatives notamment des surconsommations inhabituelles ou non cohérentes avec la puissance installé des équipements dues principalement à des branchements illicites dans le réseau EP ou des disfonctionnements techniques liés par exemple à des allumages diurnes non maitrisés.
L’analyse des factures et notamment des abonnements MT, peut orienter la commune pour adapter les puissances souscrites déclarées aux distributeurs à des puissances proches de la réalité du terrain, afin d’optimiser les redevances fixes liées à cette puissance. Les montants générés à travers cette dernière mesure, peuvent être très importants qui dépassent parfois 50% de la facture mensuelle ou trimestrielles. Aussi Cette analyse peut déceler des disfonctionnements des équipements qui génèrent des pénalités liées à la puissance réactive (cosΦ) et qui peuvent être facilement rectifiés via l’installation de batteries de condensateur ou le choix des équipements avec un cosΦ élevé
L’analyse des factures peut aussi donner une idée sur le taux de disponibilité des points lumineux et peut permettre d’optimiser les interventions curatives et diminuer les frais de maintenance des équipements.
Les coûts liés à cette mesure sont généralement très faibles. Cette mesure demande juste des personnes dédiées au suivi et analyse des contrats avec un système de monitoring simple qui peut même être développé en interne en Excel ou Access.

MAITRISE DES TEMPS D’ALLUMAGE ET GENERALISATION DES HORLOGES ASTRONOMIQUE
Cette mesure est très importante non seulement pour des raisons économiques mais aussi pour des raisons environnementales. Il suffit de voir nos villes éclairées en pleine jour sans que personne ne soucie de la gravité de l’acte. La généralisation des horloges astronomiques devient une urgence primordiale. La moyenne actuelle des heures d’allumage avoisine 4500 heures/an contre 4000 à 4100 heures adaptée à la position géographique de notre pays.
La maitrise du temps d’allumage à travers la généralisation des horloges astronomiques dans les armoires de commande, permettra de gagner jusqu’à 500 heures/ an de fonctionnement gaspillées inutilement. Soit plus 10% d’économie d’énergie.
Le coût de cette mesure est non significatif devant son impact, sachant qu’on va installer une horloge astronomique par armoire soit une horloge/ 50à 60 point lumineux. Le coût de l’investissement peut être amorti en 12 à 18 mois maximum.

TELEGESTION DES ARMOIRES DE COMMANDE
Cette mesure couplée avec la mesure précédente et la mesure du monitoring et suivi de la consommation, pourra donner des résultats significatifs. Elle consiste connecter les armoires de commande pour faire le télécomptage et la télégestion de l’allumage.
Cette mesure permettra de faire le suivi à distance et à temps réel de la consommation sans attendre la fin du mois ou la fin du trimestre pour analyser les factures et prendre les dispositions nécessaires dans des temps réduits.
Aussi cette mesure permettra de collecter les informations en temps réel relatives à d’éventuelle disfonctionnement des systèmes de commande.

GRADATION DES FLUX
Cette mesure consiste à la gradation du flux lumineux sortant des luminaires selon des paliers et des tranches horaires définies préalablement par la commune. Elle consiste à installer des réducteurs/stabilisateurs dans les armoires de commande dans le cas de parc avec une technologie de lampes à décharges ou l’installation des drivers gradables préprogrammés pour les luminaires LED. Cette dernière mesure pourra être instaurée facilement dans le cadre du relamping vu que le coût du driver dimmable est insignifiant devant le prix du luminaire qui de toute façon est équipé par un driver autant être dimmable.
La gradation de flux dans certaines zones et certaines tranches horaires, peut aller jusqu’à le délestage là ou c’est possible.
Cette mesure peut induire à des économies supplémentaires d’environ 30% de la consommation énergétique.

MAITRISE DES NIVEAUX D’ECLAIREMENT
Les communes marocaines dans le cadre réalisation de projet d’éclairage public ont tendance à sur-dimensionner les installations afin de satisfaire les considérations politiques en bafouant toutes les normes photométriques qui définissent les plages du niveau d’éclairement par rapport à chaque cas de figure.
Le sur dimensionnement se manifeste par la diminution des inter-distances et l’augmentation de nombre de points lumineux, on peut voir des point lumineux en LED sur des hauteurs de 9m avec des inter-distances de 15 m au lieu de 30 à 40m. Là où on a besoin d’un niveau d’éclairement de 20lux on trouve parfois 70lux. La commune est doublement perdante, à la fois en ce qui concerne le coût d’investissement mais aussi concernant le coût de la consommation électrique sur toute la durée de vie du projet.
Cette mesure consiste d’abord à optimiser les installations dans la réalisation de projet d’éclairage public mais aussi dans la mesure du possible de supprimer dans certains cas des points lumineux ou réduire leur puissances afin de se conformer aux normes photométriques en vigueur.
On estime que le sur- éclairement moyen par rapport à la norme 13-201 du parc d’éclairage public marocain dépasse 10%. Soit un potentiel de plu de 10% d’économie d’énergie

L’ECLAIRAGE SOLAIRE
Cette une piste a du ma à décoller justement par le retour de cératines mauvaises expériences. Ces expériences utilisaient des luminaires énergivores avec des lampes à décharges et des batteries en AGM de capacité de stockage très réduite et durée de vie ne dépassant pas 12 mois. Néanmoins le secteur connait actuellement un rebond technologique extraordinaire qui pourra booster cette piste.
Le rebond technologique se manifeste par le développement de la technologie des luminaires en LED qui sont peu consommateurs d’énergie et aussi le développement des batteries de stockage en lithium ou en nickel qui offrent des capacités de stockage amplement suffisantes aux besoin du luminaire LED et qui disposent d’une durée de vie qui peut aller jusqu’à 10 ans avec une garantie de 5 ans. De plus ces batteries on t l’avantage d’être compactes moins volumineuses et moins lourdes ce qui a permis de développer des luminaires all in one très efficaces.
L’engouement des géants mondiaux de l’éclairage public à l’éclairage solaire a pu permettre non seulement de développer la technologie mais aussi de réduire significativement les prix. Le luminaire solaire all in one est devenu très accessible entre 5000 à 10000 dhs.
Rappelons que l’éclairage solaire a l’avantage neutraliser les investissements liés à l’installation du réseau électrique, de minimiser les coûts de maintenances et réduire la consommation électrique simplement de 100%. Le point lumineux devient parfaitement autonome des aléas du réseau électriques.
Il peut être installé dans les communes rurales et la périphérie des villes mais aussi au sein des villes dans les parcs, jardins ainsi que les grandes artères qui peuvent offrir des espaces dégagés non touchés par l’ombre des bâtiments.
L’éclairage en LED solaire peut être amorti en 3 ans si on prend en considération le gain généré par les investissements épargnés liés au réseau électrique et systèmes de commande, ce qui présente plus de 30% du coût d’un projet d’éclairage public normal, ainsi que les gains liés à la consommation électrique neutralisée.
Cette piste est la révolution prochaine dans le monde de l’éclairage public. Elle donnera ses fruits très rapidement dans les prochaines années.

CONCLUSION
L’utilisation de l’ensemble de ces mesures dans le cadre de contrat de performances énergétique, pourra sans aucun optimisme démesuré à des économies qui peuvent dépasser 70% de la consommation annuelle soit un gain soit plus de 1 milliard de dirhams annuellement et aura un impact très positif sur les équilibres budgétaires des communes marocaines

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